
C’est une histoire peu ordinaire en guinée , mais bien réelle. À Kagbelen, dans la commune du même nom, vit Ibrahima Sory Camara, un homme aveugle et porteur de handicap physique, marié à trois femmes elles aussi aveugles. Ensemble, ils élèvent 16 enfants, et sa troisième épouse est actuellement enceinte du 17e.
Interpelée sur cette situation hors du commun, la rédaction d’avenirguinee.org s’est rendue sur place pour rencontrer cette famille vivant dans des conditions particulièrement difficiles, entièrement dépendante de la mendicité.
Ibrahima Sory Camara a retracé l’origine de sa cécité : « Je suis Ibrahima Sory Camara, artiste de profession. J’ai un album prêt, mais il n’est pas encore sorti faute de moyens. Cette maladie m’a touché une semaine seulement après ma naissance, alors que j’étais à Forécariah. Ça a commencé par des maux de tête, puis la maladie est montée jusqu’à mes yeux. Mes yeux sont sortis de l’orbite. Ma mère s’est battue, ils sont revenus à leur place, mais faute de moyens, on n’a pas pu respecter les délais pour l’intervention médicale. Les médecins ont alors dit qu’ils ne pouvaient plus opérer. Depuis ce jour, je n’ai jamais recouvré la vue ».
Dans un témoignage bouleversant, Ibrahima Sory raconte aussi comment il s’est marié à ses trois femmes, toutes atteintes de cécité : « Oui, je suis marié à trois femmes : Fatoumata Bangoura, Mariama Soumah et Djenaba Sylla, toutes aveugles. Je suis père de 16 enfants et aucun d’eux n’a hérité de notre handicap, ils voient tous bien. Les plus grands sont à l’école, les plus jeunes pas encore scolarisés
Au début, j’ai tout fait pour avoir une femme voyante, je n’ai pas réussi. C’est pourquoi j’ai décidé de me marier avec des femmes dans le même état que moi. J’ai épousé la première, qui était aveugle, puis la deuxième, et enfin la troisième, elle aussi aveugle et actuellement enceinte. Mais toutes ont été épousées légalement, avec le consentement de leurs familles et des dots versées. Ce ne sont pas des femmes ramassées. »
Concernant leur quotidien, Ibrahima Sory Camara explique que la famille vit uniquement de la mendicité : « Nous n’avons rien d’autre que la mendicité. Chaque matin, chacun sort de son côté, on se rend au bord des routes pour mendier. Le soir, on se retrouve ici à la maison. C’est avec ce qu’on récolte qu’on paie notre loyer et qu’on subvient à nos besoins. »
« Ma dernière femme vient d’accoucher il y a juste trois semaines. Elle a eu des jumeaux : un garçon et une fille. On n’a même pas encore célébré le baptême. Dieu merci, la mère et les enfants se portent bien », confie-t-il.
Avec ces deux nouveaux-nés, Ibrahima Sory Camara devient père de 18 enfants vivants. Une situation qui, selon lui, devient de plus en plus difficile à gérer au quotidien.
« Nous demandons aux autorités de nous venir en aide. Dieu donne des enfants à qui Il veut, mais leur entretien demande des moyens. Imaginez 18 enfants… c’est très difficile. Les plus grands sont à l’école, mais d’autres ne sont pas encore scolarisés, faute de moyens », déplore-t-il.
Face à cette situation, Ibrahima Sory lance un appel aux autorités et aux personnes de bonne volonté, afin de bénéficier d’un accompagnement social et éducatif pour ses enfants.